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l’appli SmartPartum à la rescousse

l’appli SmartPartum à la rescousse

Pour mieux prendre en charge les jeunes mères qui souffrent de dépression post-partum, une application mobile a été conçue par l’AP-HP et la Sorbonne Université. Baptisée SmartPartum, elle est aussi destinée à améliorer l’autodiagnostic, déceler les signes précoces, et éviter, dans les cas les plus extrêmes, le pire.

Devenir mère, donner la vie, ne rime pas forcément avec bonheur et quiétude. La naissance d’un enfant n’est pas toujours un évènement heureux. Entre 10 et 20% d’entre elles sont touchées par la dépression post-partum dans les quatre semaines qui suivent leur accouchement. Pour elles, “la maternité s’accompagne d’un effondrement psychique”, précise le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF). Afin d’aider ces mères démunies, qui se sentent souvent seules et mal comprises dans leur état, l’AP-HP et la Sorbonne Université ont mis au point une application mobile, baptisée SmartPartum. Son objectif premier ? Mieux prendre en charge les femmes qui font une dépression post-partum. Pour cela, SmartPartum les aidera à s’autodiagnostiquer et à réagir en conséquence si des signes se manifestent“Elle s’adresse à toutes les mères, avec des conseils sur les soins à donner aux bébés, le sommeil, l’alimentation, les techniques de relaxation, d’autohypnose, afin que toutes se sentent bien après une naissance”, explique le psychiatre Hugo Bottemanne, chercheur à l’Institut du cerveau au Parisien. Le dispositif sera disponible début 2023. Plus globalement, face à la dépression post-partum, les gynécologues appellent les professionnels de santé et la famille a plus d’écoute et de vigilance. Les conséquences sont trop souvent négligées, et peuvent parfois conduire au pire. En effet, le suicide constitue le risque majeur, étant la deuxième cause de mort maternelle. Pourtant, avec un diagnostic précoce et une bonne prise en charge, cette maladie qu’est la dépression post-partum se soigne facilement. À savoir que depuis juillet 2022, un entretien postnatal est désormais obligatoire pour en déceler les premiers signes.

Dépression post-partum et baby blues : quelle différence ?

Quelle différence entre le baby blues et la dépression du post-partum ? Il est un épisode par lequel près de 80% des mères passent : environ trois jours après la naissance, elles sont envahies par une vague de tristesse et pleurent sans raison. Ces symptômes durent quelques heures à quelques jours et disparaissent d’eux-mêmes sans aucune intervention. “Il suffit alors à l’entourage d’être présent et compréhensif“, explique le Dr Jacques Dayan, psychiatre. C’est le fameux baby-blues, un phénomène court et normal, intimement lié à la fatigue et à la chute brutale des hormones (œstrogènes et progestérone) dont la femme enceinte est baignée jusqu’à l’accouchement. Même si certains symptômes semblent similaires et si les deux sont souvent confondus dans l’esprit collectif, le baby-blues n’a absolument rien à voir avec la dépression post-natale. Celle-ci est sérieuse, durable, profonde et peut s’avérer très grave si elle n’est pas prise en charge par une équipe de professionnels. A la différence du baby blues, la dépression se manifeste dans l’année qui suit la naissance, avec un pic à 6-8 semaines après l’accouchement, puis entre le 9e et le 15 mois”, précise le CNGOF. Cependant, les premiers symptômes (tristesse, fatigue, pleurs) peuvent être confondus. L’entourage doit donc demeurer vigilant, d’autant que la plupart des mères, n’osent pas en parler. 

Quels sont les risques d’une dépression post-partum ?

“La dépression post-partum peut faire réapparaître une maladie psychiatrique préexistante, pas forcément dépistée auparavant. Grossesse et période post-accouchement représentent ainsi la période la plus à risque de rechute de troubles bipolaires. Elle peut aussi favoriser l’émergence de troubles psychiques, de la dépression du post-partum à la plus rare, mais plus grave psychose puerpérale, qui touche une femme sur mille”, précise le CNGOF. Pourtant, des signes d’alerte sont bien présents comme les troubles de l’humeur et le sentiment de vulnérabilité accrue de la mère. Mais ces troubles peuvent aussi mener au suicide (le risque est d’ailleurs 70 fois plus élevé dans l’année qui suit un accouchement qu’à tout autre moment de la vie d’une femme). “Ces troubles psychiques constituent aujourd’hui la principale cause de mortalité maternelle périnatale, bien avant les hémorragies et les infections.  Mais la santé future de l’enfant est elle aussi en jeu“, préviennent les gynécologues. 

Dépression post-partum : quels symptômes ?

  • Très souvent, la maman éprouve une fatigue qui confine à l’épuisement. Il est évidemment normal d’être fatiguée après un accouchement et avec l’arrivée de nouvelles responsabilités. Mais dans le cas d’une dépression, il s’agit d’une fatigue hors du commun, qui peut même être impressionnante vue de l’extérieur. A l’inverse, la femme victime de dépression post-natale peut être fébrile et hyper-active. Parallèlement, des troubles du sommeil sont également souvent présents (insomnie ou hypersomnie).
  • Des pleurs répétés, que l’on tente souvent de masquer.
  • Une irritabilité plus importante ou des colères disproportionnées et/ou répétées.
  •  Une anxiété constante, allant parfois jusqu’à des crises d’angoisse puissantes.
  •  La jeune maman peut avoir l’impression qu’elle ne parvient pas à aimer son bébé. Ou, au contraire, le fait de l’aimer peut se révéler une véritable souffrance.
  •  Il n’est pas rare qu’elle ait l’impression de ne pas être capable de s’en occuper, de se sentir inhabituellement désemparée devant ses nouvelles responsabilités.

Bien sûr, chaque maman victime de dépression post-natale n’éprouve pas l’ensemble de ces symptômes, mais peut-être l’un ou plusieurs d’entre eux, de façon plus ou moins prononcée. Comme elle a souvent tendance à vouloir les cacher, il faut être attentif au moindre changement par rapport à son comportement habituel, sans toutefois devenir excessivement anxieux. Il est bien sûr normal de traverser une phase d’adaptation, notamment lorsqu’il s’agit du premier enfant.

Le CNGOF recommande un repérage en amont, dès l’entretien prénatal précoce, à 4 mois de grossesse. “Il faut que toutes les maternités de France prévoient cet espace d’écoute, de discussion, pour repérer les fragilités”, précisent les gynécologues. Autre opportunité de repérer la dépression chez les jeunes mamans : l’examen post partum, prévu 6 semaines après l’accouchement. “Ce rendez-vous devrait être l’occasion de vérifier si l’allaitement se passe bien, où en sont les relations avec le compagnon, et comment se passe le vécu psychique de la mère”. Mais le manque de moyens ne permet pas de favoriser ce suivi, regrette le CNGOF.

Dépression post-partum : témoignage d’une maman

Dépression post-partum : quels sont les facteurs de risque ?

Faible estime de soi, événements de vie stressants, isolement social, difficultés conjugales, bouleversement physiologique et fatigue liée à l’arrivée de l’enfant sont les causes les plus fréquentes. Par ailleurs, le stress lié à l’accouchement peut jouer, surtout lorsqu’il se complique. Par ailleurs, s’il n’y a pas de profil type de la maman dépressive, plusieurs facteurs favorisants ont toutefois été identifiés. Ils ne sont en aucun cas déclencheurs de la dépression et ne sont pas indispensables à son apparition, mais ils peuvent créer un terrain favorable. Et ressemblent beaucoup aux facteurs de risque de la dépression “classique”.

  • Le fait de vivre dans la précarité n’aide évidemment pas à envisager les choses de façon positive. “D’une manière générale, le milieu social dans lequel on évolue joue bien-sûr un rôle“, explique Jacques Dayan.
  • Vivre seul, sans soutien et sans écoute peut également influencer le moral de façon négative alors qu’avoir une vie sociale bien remplie et, surtout, un entourage à l’écoute aide souvent à surmonter les problèmes du quotidien.
  • Une relation de couple difficile peut également envenimer les choses.
  • Le fait d’avoir déjà fait une dépression post-natale rend les mamans un peu plus à risque d’en faire une autre “mais ça n’est en aucun cas systématique”, insiste le Dr Dayan. A l’inverse, on peut aussi avoir très bien vécu ses premières grossesse et faire une dépression pour le 2e ou 3e enfant, comme Nadège. Il n’y a aucune règle en la matière. Avoir fait une dépression à un moment donné dans sa vie constitue également un facteur de risque.
  • Les naissances difficiles, lorsque l’accouchement a été compliqué ou que l’enfant n’est pas né en bonne santé, peuvent également constituer un déclencheur.
  • Le fait d’avoir eu des relations difficiles avec ses propres parents dans la toute petite enfant pourrait aussi jouer un rôle important même si cela est très difficile à démontrer.

De même, on n’a jamais pu prouver que les bouleversements hormonaux liés à l’accouchement soient pour quelque chose dans ces dépressions post-natales. On sait que la chute brutale des hormones au 3e jour est directement responsable du baby-blues. Aucun autre lien n’a pu être formellement démontré, même si on ne peut pas non plus écarter cette hypothèse.

Dépression post-natale : comment l’entourage doit-il réagir ?

L’entourage joue un rôle à la fois primordial et extrêmement difficile auprès de la maman dépressive. Au départ, bien souvent, il ne comprend rien. Une naissance où tout s’est bien passé, c’est un événement heureux. Difficile, donc, d’imaginer que la jeune maman puisse vivre cet événement de façon douloureuse. En outre, elle semble souriante et fait tout pour cacher son désarroi. Elle est fatiguée, certes, mais qui ne l’est pas après un accouchement ? “Le premier bon réflexe consiste donc à accepter que la dépression post-natale existe, insiste le Dr Dayan. Il faut admettre que l’on peut déprimer même lorsqu’il y n’a pas eu de catastrophe.” Une fois cet état de fait accepté, il s’agit d’offrir une oreille attentive. Se sentir écoutée et entourée peut déjà être d’un grand réconfort pour la maman. De même que pouvoir partager ses soucis et les soumettre à un regard extérieur peut l’aider à les relativiser un peu, ce qui devrait lui apporter un certain soulagement. Faites-lui bien sentir que, même si vous n’êtes pas à sa place, vous acceptez qu’elle se sente mal et ne la jugez pas. Cela l’aidera à moins culpabiliser de cet état désemparé dans lequel elle se trouve. C’est aussi à l’entourage de sentir si la personne dépressive a besoin d’une aide extérieure. Il faut l’encourager à faire la démarche, voire l’aider à consulter, se rendre avec elle chez un spécialiste. Faute de quoi, il est possible qu’elle rechigne à le faire ou qu’elle n’ait tout simplement pas la force de pousser la porte du cabinet du médecin.

Dépression post-natale : qui consulter et comment s’en sortir ?

L’idéal est de se rendre dans une unité parent-enfant composée de toute une équipe de professionnels (pédopsychiatres, psychologues, puéricultrices, infirmières…). Selon la situation, la maman pourra y rester avec son bébé à la journée, en hospitalisation à temps plein ou pour de simples consultations. L’avantage, c’est qu’elle reçoit le soutient adapté tout en restant avec son enfant. Malheureusement ces structures sont peu nombreuses en France et donc surchargées. Pour tenter de venir en aide au plus de mamans possibles, certaines ont donc instauré des consultations à domicile, qui peuvent également présenter une solution intéressante. Une autre alternative : aborder le sujet avec la sage-femme lors de la consultation post-natale. Il ne faut surtout pas minimiser la situation, mais au contraire bien préciser tous les symptômes. Elle pourra ainsi vous orienter vers la personne et les solutions adéquates.

Le médecin traitant ne pourra probablement pas soigner lui-même la maman mais il pourra, au vu de ses symptômes, l’orienter vers le service ou le professionnel qu’il estime le plus adapté. Cette option est probablement préférable à celle de consulter directement un psychologue ou un psychiatre. La dépression post-natale est bien particulière, mieux vaut donc s’adresser à un spécialiste de la question et non à un psychiatre ou psychologue “généraliste”. L’un dans l’autre, la prise en charge s’est améliorée ces dernières années, mais beaucoup d’efforts restent à faire, estime Nadège Beauvois, de l’association Maman blues. “Les professionnels sont beaucoup mieux formés pour prendre en charge cette dépression. En revanche, on manque toujours cruellement de structures adaptées, où les mamans peuvent être reçues avec leur bébé, ce qui semble pourtant un pré-requis élémentaire.

La prise en charge de la dépression post-natale ressemble un peu à celle d’une dépression classique. La première mesure consiste à consulter le plus vite possible. Moins les symptômes seront ancrés dans le quotidien de la maman, plus vite elle s’en sortira. Dans beaucoup de cas, un simple soutien psychologique peut suffire à redonner des forces à la maman et à lui faire envisager les choses sous un angle plus positif. Cela peut prendre un peu de temps, bien sûr, mais les résultats sont bons. On hésite davantage à donner des psychotropes que dans le cadre d’une dépression “classique”. “Mais les antidépresseurs peuvent être prescrits lorsque la situation est inquiétante et ne s’améliore pas rapidement avec une psychothérapie”, explique le Dr Dayan. Il faut toutefois bien réfléchir car ces médicaments ne sont généralement pas compatibles avec l’allaitement, ce qui est susceptible de causer une culpabilité supplémentaire à la maman.

Dans l’immense majorité des cas, la dépression post-natale va se résorber en quelques mois grâce à une thérapie adaptée. Car c’est là tout l’enjeu dans le traitement de la dépression post-natale : réagir assez vite pour que le lien entre la mère et l’enfant puisse tout de même se créer rapidement. “Cela arrive que ce ne soit pas le cas immédiatement, ce qui peut poser des problèmes pour la suite du développement de l’enfant”, estime le pédopsychiatre Jacques Dayan.

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